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jeudi 2 février 2012

Baccara épisode 1: 1977, la genèse.



Au Moyen Age en Italie, le mot "baccara" signifiait "zéro". Certains étymologistes y voient l'explication de l'attribution du même nom au jeu de cartes bien connu. Encore aujourd'hui, les règles du Baccara stipulent que le roi, la reine, le valet et le 10 ont une valeur nulle, égale à zéro.
En 1954, la maison Meilland, entreprise horticole française aujourd’hui la plus puissante au monde, baptisait « Baccara » sa nouvelle variété de rose, un hybride de thé aux fleurs d’un rouge profond et intense.

En 1977, un producteur allemand baptisait « Baccara » la formation musicale qu’il découvrit lors d’une soirée-spectacle dans un hôtel des îles Canaries. Deux jeunes femmes y interprétaient des chansons traditionnelles espagnoles en esquissant des pas de flamenco.

Les deux copines s’étaient rencontrées quelques années auparavant sur les plateaux de la télévision nationale espagnole, où elles figuraient comme danseuses dans des shows de variétés. Elle quittèrent ensemble ce premier emploi pour former un duo qu’elles inaugurèrent sur la scène d’un night-club de Zaragoza. Jugées « trop élégantes » pour le style du club, elles migrèrent aux Iles Canaries pour aboutir à l’hôtel « Tres Islas », essentiellement fréquenté par des touristes allemands. 

Un soir de l’été 1977, un certain Leon Deane repéra les deux artistes de ses yeux de chasseur d’étoiles montantes. Producteur de variétés en Allemagne, il flaira immédiatement le potentiel des deux grâces au charisme ibérique. Ce fut la naissance de « Baccara », un duo modelé par des producteurs allemands, subitement propulsé dans le show-biz aux confins des années disco.

Le genre musical en était à la fin de son apogée dans un dernier élan festif mondial.  Outre-Atlantique, c’était le temps de Boney M, d’Eruption et d’Amii Steward.

 
Boney M - "Ma Baker" (1977)


Amii Steward - "Knock on wood" (1979)


En Europe, l’Allemagne semblait être l’épicentre du style « Euro-disco ». Karen Cheryl était dans sa période anglo-saxonne, toute de strass (dé)vêtue, et Sheila sortait un album-éclair de tubes avec ses copains blacks, les « B Devotion ».

Karen Cheryl - "Sing to me mama" (1978)

Sheila & B. Devotion - "Singing in the rain" (1978)

A l’aube des premiers contre-courants punks annonciateurs de la déferlante new-wave, le disco vivait ses dernières heures de gloire. Mais il y avait encore un créneau et quelques années propices pour un duo atypique dans le genre. Deux brins de fille du sud, un affriolant accent hispanique, des vocalises langoureuses, des jambes dénudées et des chorégraphies évocatrices mais jamais vulgaires, telle fut la recette d’un succès immédiat voué à l’éphémère.

Oui Monsieur, je sais « boogie boogie » tout la nuit…

Le duo débuta sa carrière discographique avec le légendaire « Yes Sir, I can boogie », enregistré aux Pays-Bas. Un refrain d’autant plus racoleur qu’elles le susurraient avec une jouissance contenue et un sourire démonstratif quand elles précisaient  « all night long »…



Le cocktail enivra immédiatement les night-clubs d’Allemagne,  des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Belgique, de Suisse, de France et même d’Israël. Un concept parfaitement étudié pour séduire les masses, entre accent exotique, beats basiques et arrangements « easy listening » jalonnés de violons.  Le titre fut consacré « meilleure vente de disques pour un duo féminin » dans l’édition 1977 du Guinness Book des Records. S’en suivit le single « Sorry I’m a Lady », du même acabit, au succès international plus ou moins marqué. 

Baccara - "Sorry I'm a lady" (1977)

C'était sans compter un regain d'élan dans l'éphémère mais fulgurant succès du duo, avec une apparition culte sur la scène de l'Eurovision 1978. Parlez-vous Français? On vous répondra en plusieurs langues dans la suite du feuilleton...

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